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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 22:49

 

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« Perturbateurs endocriniens : plusieurs alarmes s’allument… »
22/04/2011 | Endocrinologie, Cancérologie , Santé publique
« Perturbateurs endocriniens : plusieurs alarmes s’allument… »

Les perturbateurs endocriniens viennent d’être passés au crible de l’Inserm dans l’expertise collective « Reproduction et environnement ».  Entretien avec le Dr Bernard Jégou *, spécialiste des questions d’environnement et de fertilité masculine à l’Inserm.

L’Inserm vient de publier son expertise collective « Reproduction et environnement ». La principale conclusion semble un peu frustrante… 
Selon l’Inserm, les études épidémiologiques « sont encore trop peu nombreuses à ce jour pour permettre de conclure » quant aux risques, pour la fonction reproductive de l’homme, de cinq familles de perturbateurs endocriniens très utilisées dans de nombreux produits de grande consommation (bisphénol A, phtalates, composés polybromés, composés perfluorés, parabènes)**. Pour autant, cette expertise reflète un travail considérable, en quantité comme en qualité. Mais force est de constater l’énorme écart qui subsiste entre les études toxicologiques et éco-toxicologiques chez l’animal, qui ont fait un bond immense depuis 15 ans, et le peu de données disponibles chez l’homme.

Pourquoi existe-t-il encore si peu d’études chez l’homme ?
Dans ce domaine des perturbateurs endocriniens, les études chez l’homme se heurtent à trois types de difficultés. Tout d’abord, les relations doses-effets ne sont pas ici toujours conventionnelles : à faibles doses, on peut observer des effets de ces perturbateurs endocriniens. A doses intermédiaires, on ne voit parfois pas d’effet, et à fortes doses, les effets constatés diffèrent parfois de ceux observés aux faibles doses. Deuxième obstacle, la notion de fenêtre d’exposition : selon la période du développement, une même dose d’un même produit n’aura aucun effet ou affectera des organes différents. Le dernier défi à relever est celui des mélanges : si l’on mélange 8 à 10 produits à des doses qui n’ont aucune action pour chaque produit isolément, on obtient un phénomène additif, voire synergique, avec un effet important final.

Quelles sont les perspectives de développement des études dans ce domaine ?
Tout l’enjeu des recherches futures sera de développer l’étude de « l’exposome », pour établir les niveaux d’exposition de chaque individu dans la population générale : nouveau-né, femme enceinte, professionnel en liaison avec son type de travail... Dans cette optique, les chimistes analytiques devront développer des outils pour dresser la carte d’identité de l’exposition des individus aux toxiques de l’environnement. Il s’agira d’analyser les liquides et les matrices biologiques (graisses, placenta…) de chacun.

Donc les recherches chez l’homme devraient « passer à une vitesse supérieure »…
Nous sommes dans l’obligation d’intensifier les études chez l’homme, en intégrant les acquis de plusieurs disciplines scientifiques. Car même si aucune preuve formelle n’est apportée, plusieurs alarmes s’allument, qui vont dans le sens du principe de précaution voire d’une éviction, notamment pour le bisphénol A et les phtalates. Pour ces produits déjà sur la sellette, il y a eu trois récents signaux forts, issus de publications scientifiques, qui font qu’un nouveau cap a été franchi dans l’appréciation du risque, avec une bascule vers la présomption d’un risque. Pour le bisphénol A, c’est la découverte mi 2010, par l’équipe INRA d’Eric Houdeau (Toulouse), d’effets négatifs (inflammatoires…) sur l’intestin animal mais aussi humain. Et pour les phtalates, c’est la mise en évidence pour la première fois d’effets anti-androgéniques sur des cultures de testicules humains. Hors champs des plastifiants, c’est aussi la découverte par l’équipe de Luc Multigner (Inserm Rennes), en juillet 2010, d’une augmentation du risque de cancer de la prostate chez des sujets guadeloupéens, ayant certains polymorphismes génétiques et exposés à de fortes concentrations du pesticide chlordécone.

Quelle va être l’étape suivante ?
Aux politiques désormais de se saisir de ce corpus de données. Sur la base de cette expertise, le ministre du travail, de l’emploi et de la santé, Xavier Bertrand, a annoncé le 15 avril que « les agences de sécurité sanitaire vont procéder à une analyse encore plus précise des risques et faire de premières recommandations opérationnelles en matière de gestion des risques. » Ces recommandations devraient être édictées fin 2011 pour le bisphénol A, et fin 2012 pour les autres familles. Concernant le bisphénol A, rappelons que la France a promulgué une loi suspendant la commercialisation des biberons renfermant ce produit en juillet 2010, décision suivie par une interdiction de l'Union européenne en novembre dernier.


*Le Dr Jégou est co-auteur, avec les Pr Pierre Jouannet et Alfred Spira, de l’ouvrage « La fertilité est-elle en danger ? » - Editions Inserm – La Découverte (fin 2009).

** Ces cinq familles chimiques sont (ou ont été) utilisées dans de nombreux produits de grande consommation : plastiques des bouteilles, revêtements internes des boîtes de conserve et des cannettes (bisphénol A), cosmétiques, emballages alimentaires, matériels médicaux (phtalates), retardateurs de flamme des textiles, ordinateurs... (composés polybromés), anti-tâches et imperméabilisants des textiles… (composés perfluorés), conservateurs présents dans les cosmétiques, médicaments et aliments (parabènes).

Florence ROSIER
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