Bouteilles, gobelets, boîtes de conserve, canettes, CD, sèche-cheveux, lunettes de soleil, tickets de caisse : lebisphénol A se cache un peu partout. La proposition de loi, déjà adoptée par l'Assemblée nationale l'an dernier, interdit la présence de bisphénol A (BPA) dans les plastiquesalimentaires d'ici à 2015. Le Sénat l'a adoptée à son tour... à l'unanimité!
Les sénateurs ont notoirement modifié le texte voté il y a un an par les députés. Ils ont notamment interdit l'ensemble des substances cancérogènes et perturbateurs endocriniens dans les dispositifs médicaux destinés aux nourrissons, jeunes enfants et femmes enceintes, à partir du 1er juillet 2015.
Pourquoi ? Bien qu'il rende le plastique "incassable" et résistant à la chaleur, le bisphénol A fait l'objet d'un débat sur les risques pour la santé. Pour Bernard Jégou, directeur de recherche sur la reproduction humaine à l'Inserm, on dispose aujourd'hui de "solides arguments" scientifiques à l'encontre du BPA. Ce qui justifierait l'interdiction du produit, a expliqué le chercheur à l'AFP.
Les biberons: un premier pas insuffisant et incohérent
Parmi les risques encourus, le BPA serait toxique pour la
reproduction. Il augmenterait les risques de cancer, de maladies cardiovasculaires et même d'obésité. Le bisphénol A serait aussi à l'origine de certains troubles du comportement de l'enfant dont la mère a été exposée au produit.
La contamination est principalement d'origine alimentaire (boîtes de conserve, canettes, bouteilles d'eau). En juin 2010 la fabrication de biberons contenant du bisphénol A devenait interdite en France. Cela avait provoqué une polémique au sein de certaines organisations de santé qui y voyaient une incohérence. L'Inserm évoquait une insuffisance de la loi puisque le "BPA est capable de passer la barrière placentaire", avait décrié l'institut public.
Sans le recul et l'expérience, trouver un produit qui ait moins de risque est un challenge
Mais il y a aussi un facteur pratique. Interdire les biberons ayant du bisphénol A est une chose, interdire la fabrication de tous les plastiques alimentaires avec du BPA est plus compliqué. Les entreprises devront d'abord trouver une alternative au BPA, ce qui exige une série de tests et de contrôles avant la mise sur le marché de nouveaux produits.
"Notre grande inquiétude, c'est de commercialiser un produit sur lequel on a moins de recul que ceux qui sont utilisés, et qui pourrait être moins sûrs que les produits actuels." a confié Jean-René Buisson, président de l'Association nationale des industries alimentaires, au Parisien.
Tupperware : en avant-première du processus
Cependant certaines entreprises ont déjà entrepris de retirer la substance de leurs produits, comme la marque "Tupperware". Avec cette longueur d'avance de certains industriels (français et étrangers), le reste pourraient voir une mise à l'épreuve de leur compétitivité.
Cette proposition de loi qui est soutenue par l'actuel gouvernement, est avant tout une mesure de précaution puisqu'il n'y a pas de preuve "directe" qui lie le BPA aux risques de santé.